lundi 20 août 2007

Le Sancerre, les Allemandes et moi

Si l'homme n'est pas parfait, la fusion quasi-mystique du chavignol, du San Daniele et du Sancerre s'en approche religieusement. Uniquement dans le but de revivre ce moment de plaisir, chaque week-end, je retourne toujours pique-niquer au meme endroit. Nous sommes Samedi. Aujourd'hui sera sain et les filles vierges, enfin presque.

Ebloui par la forte luminosite, mes yeux fatigués de la soiree d'epuration professionnelle de la veille, observent le feu rouge. Direction, les grands magasins, au sous-sol, l'epicerie fine. L'antre de la snoberie à 60 euros le kilo de jambon cru, 4 euros les 100 grammes de chavignol et 20 euros la bouteille de sancerre. Depuis que je travaille, je paie tout deux fois plus cher, plus de doute, je suis en phase de boboisation avancee. Bientot, je voterai Besancenot.

Malgre le beau temps, les filles en ville restent toujours aussi moches. Moi qui pensait que la richesse rendait beau, il n'y a maintenant plus aucune incertitude, je vis dans l'anomalie la plus totale. Tout cela me rappelle ces histoires sur la consanguinite des populations vivant dans les vallees. Cette ville en est un cas flagrant.
En cette journee sacree, une sorte d'aura m'entoure. Si rare. Partout ouu je vais les filles tournent la tete et me sourient de concert. J'ai l'impression de maitriser la symphonie de la vie, pire, j'ai l'impression d'etre Karajan. J'aime me laisse aller dans une intoxication du moi, du je et du saint esprit. la sensation est trop ennivrente. Je vomirai plus tard.

Sur mon vieux velo peugeot, bravant le vent, je pelerine comme à chaque fois, vers ce meme endroit. Malgre mon optimisme exacerbé, il faut bien avouer que je bats plus le rythme de la vie, en metronome geant qu'en chef d'orchestre. Qui viendra donc perturber cette perfection pendulaire? Il y a bien longtemps que je n'ai pas joué des percussions avec toutes celles qui peuvent parfois chercher à s'initier à mon bois et ses grosses caisses

Dans un entracte de vie precedant le spectacle à venir, je mets les dernieres touches à ces morceaux d'eternite dont tous ces barbares ne peuvent soupconner l'intensite de l'emotion procuree. Et dire qu'il y en a qui s'empiffre quotidiennement de burger king.


Savourant l'explosion en bouche du sancerre, le rideau se leve. L'opera peut commencer. Une premisse, Une fille en velo passe devant moi. Je revois encore l'herbe se prosterner devant ce stereotype de beaute sociale. Une part de moi, la plus vile,celle qui dit "argent, à moi, donner argent", fait de meme. Elle est blonde.

Le tenor et la soprano sont prets à entrer en scene.

Sous le brulant soleil du desir, le sancerre et son ennivrant parfum floral, m'invite à aller cueillir la plus belle des fleurs. Celle qui s'ouvre en periode estivale lorsque la seve hormonale devient irresistible. Elle est seule.
Sans se regarder, on se fait face, au milieu un couple joue au badminton. Je sais d'avance, que je me leverai lui parler. On discutera de tout, de n'importe quoi. Allongee sur le ventre, la vision de sa cambrure dissipe comme un enchantement le peu d'hesitation et de doute qui subsiste. Ma main dansera bientot le long de son dos denudé.

Quelques dizaines de metres à parcourir. Il y a une certaine intemporalite dans la prise de decision, comme un instant non derivable. Et puis, il y a cette montee d'adreline, la meme que l'on ressent lorsqu'on trade. Ce moment ouu dans un acte de foi, on accepte d'etre vulnerable face à tous les risques encourrus. ce millieme de seconde qui fait basculer la vie en cinemascope avec les deux bandeaux noir apparaissant en haut et en bas de sa propre vision.

Il est temps. Je me leve, ma fidele bouteille de sancerre à la main et un verre dans l'autre, l'apparence est cocasse. Elle lit un magasine et je prie pour qu'elle ne tourne pas la tete d'ici mon arrivee. A chaque pas, je devine un peu plus le deroulement de ce qui suivra. L'echec devient inconcevable, impossible.

Anticiper et jouer aux echecs quotidiennement a developpé cette capacite à tout prevoir. Tout le jeu de la seduction decomposé en des etapes, des situations si previsibles que d'une certaine maniere, ces moments si rares ont quelque peu perdu de leur magie. Mais le gout d'une paire de fesse bien ferme ne perdra jamais de sa saveur.

Faust ou Mephisto

Mon instinct a eu raison, je suis accueilli par le plus charmant des sourires. Celui qui vous annonce que tout n'est plus qu'une affaire de temps. Dans la langue de Goethe, je lui dis, "je sais que cela peut sembler bizarre comme proposition, mais je me demandais si tu voulais finir cette bouteille de 'Sancerre' avec moi ? ". "Ja, sehr Gern". Plus de doute, tout est deja ecrit. Je nous imagine deja transpirant durant ces futurs chaudes soirees d'ete, l'un sur l'autre, legerement essoufles, ses cheveux colles sur son front, elle me sourireait beatement.


On a ainsi passé toute l'apres-midi dans un jeu de seduction, de gestes de part et d'autres trahissant une certaine envie reciproque à la promiscuite. Alors on s'est echangé nos numeros de telephone et on s'est promis de pique-niquer ensemble des qu'elle aura une journee libre.

Ainsi demain, je la laisserai jouer de ma flute enchantee.



2 commentaires:

L & L a dit…

"flûte enchantée"
joli !

Anonyme a dit…

Certains riches mettent en lumière leur laideur, en pensant s'arranger. L'appât ne fait pas forcément la beauté. Tout est une question d'expression et d'illusion.