dimanche 12 août 2007

Casanova in shame

« Avec les mots on ne se méfie jamais suffisamment » Voyage au bout de la nuit

Dans l'impossibilité, dans la limitation, l'esprit tend à l'infini vers ces contraintes imposées comme des règles que l'on défie, laissant place au désir de séduction et à l'imagination se relayer dans un divertissement au nom du style et de ses nombreuses figures. Non dans le souhait de concrétisation, uniquement dans le plaisir artistique de séduire. Les contraintes du succès sont, de toute manière, rédhibitoires.
L'Ego, le "Moi Je" totipotent, celui qui dans un perpétuel besoin de reconnaissance, de séduction, d'attention poussé par une fierté mal placée, incite à l'ambition la plus démesurée. Une fierté qui mène mécaniquement à de malheureuses fautes.


Vendredi soir, j'en fis une, malheureuse.

Une phrase. Il suffit juste d'une phrase anodine, distillée dans l'effervescence de la nuit. Dans un relâchement éthylique, une trahison de sa propre appréciation et sympathie pour quelqu'un, une phrase sorti de son contexte, qui complique tout. Face à soi, une interprétation malheureuse, une qui ne s'applique pas, une qui vous condamne accompagnée de son cortège d'expériences, d'attentes utopiques, de cynisme et d'influences extérieures.

Malgré le choix soigné des mots et de l'intonation, elle y a compris, "Je veux te sauter". Elle y a vu une déclaration d'intention, elle y a vu une menace. Pendant cette seconde chimiquement rallongée, j'étais, contre mon gré, descendu en flamme rejoindre injustement le lot des gros lourds à la déprimante banalité et au
vomissant pathétisme .

Entre charisme et pathétisme, il n'y a que le regard de l'autre qui change.

Je voulais juste indirectement flatter, créer une tension, un rapport dont on aurait jouer malicieusement, sans réelles arrieres-pensees. Je pensais qu'elle y aurait descellée, au vu de nos rapports
quotidiens, une invitation au jeu. Vendredi soir, ma mauvaise appréciation de la situation, m'a fait comprendre qu'elle ne joue pas, elle sentence toutes ces attentions comme autant d'approches initiées dans un but primaire. Une fin qui, dans notre cas, ne pouvait s'appliquer. La finesse de ma démarche s'est malencontreusement retrouvée diluée dans une grossièreté sans nom. Du Coca-cola dans du Cote-rotie, parce que "les vins, de toute façon, ils ont tous le même goût".

Dans l'ivresse du vendredi soir, la décomposition du moi a fait place à mon ego qui cherchait juste à savoir si j'aurais pu réussir là où tous les autres avaient échoués. Rien de plus. Ce matin, la honte m'assaillit continuellement, vexé d'avoir été injustement jugé coupable d'une intention sexuelle, gêné d'avoir fait part de mon appréciation, déçu de ne pas avoir fait susciter le désir et surtout désolé d'avoir tué ce qui aurait pu être une amitié, une fois l'ambiguïté initiale dépassée. Croire que les premières rencontres ne sont font sans aucun sous-entendu est d'une naïveté annonciatrice de grandes désillusions.

"J'essaie de ne pas te draguer", ça sonnait bien....mais à la mauvaise porte.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Boarf, elle devrait pas s'offusquer comme ça Jacqueline !

MrMeuble a dit…

"vexé d'avoir été injustement jugé coupable d'une intention sexuelle"
Mouais... un homme est un homme, et pire, un homme qui baigne dans les vapeurs de l'alcool et de l'ambiance festive est un homme facile et décomplexé.

L'amitiée semblait trop naissante pour prétendre être dénuée d'intention. "L'invitation au jeu" fait elle vraiment référence a de l'amitié ?

Finalement, existait-il seulement une bonne solution pour te remettre en place et ne pas froisser ton Ego, casanova ?

Et après avoir récupéré les égos au pressing, peut être que ce point sur ton I, va permettre de poser les bases d'une vraie amitié ?

Anonyme a dit…

C'est pertinent et sans intérêt à la fois.
Lire tes écrits renforce la désillusion. Rien n'a donc plus d'intérêt? Plus d'interdits auraient certainement rendu la vie plus jouissive.