jeudi 20 septembre 2007

Nouveau Casino

Dans le couloir, face à la porte noir qui mène au coeur du club, je ressens la pulsation des basses résonner dans ma cage thoracique. Un dernier moment de réflexion sur la violence de l'instant qui vient d'avoir lieu, une dernière pensée avant de tout oublier, une fois ce diaphragme passé. Les entrailles de la nuit m'attendent.

Happé par la chaleur et l'abrasivité des basses, je me dirige directement vers le comptoir lumineux du bar y sont agglutinées tous ces globules qui, dans un flux continu,
vont et viennent, approvisionner toutes ces muqueuses assoiffées, se déhanchant sur la piste. Les clubs sont devenus les cavernes des temps modernes. Bien que l'on y culbute plus grand monde, c'est bien là que les grognasses y sont attroupées.
Cette alternance de lumière et d'ombre sur ces si nombreux visages symbolise ce jeu de cache-cache auxquels nous nous livrons quotidiennement. Je te vois, tu ne me vois pas, nous nous devinons dans l'obscurité momentané, ah une lumière, je ne te regarde plus, obscurité, on se touche, lumière, on se regarde mais pas trop longtemps, il fait noir, embrassons nous. La logique est simple, l'écoeurement inconscient éprouvé pour les uns les autres est tel que le contact intellectuel doit être réduit au minimum. Baisons dans le noir, cela suffira. Les clubs sont symptomatiques des rapports que nous entretenons avec les autres.

Une unique envie. Boire, me déchirer jusqu'à cet état de perdition, où le goût des choses et leurs différences se seront dissipés dans une anesthésie mentale et morale. Ces derniers mois, peines et déceptions se sont progressivement accumulées comme de fines particules de poussières. Un besoin de boire comme un besoin de s'extirper de cet
état étouffant, de quitter ce passé qui sous l'épreuve du temps, s'écroule dans un nuage d'amertume. Arythmie amicale. La désillusion du moment disparaît devant l'impitoyabilité du vide. Le malaise s'accentue avec ces Whisky-Coca que j'enchaîne mécaniquement. Une signature, un verre, un sourire. Au milieu de tous, je perd pied avec la réalité, ce besoin de bonheur social s'est transformé en un désir insatisfiable. Plus rien ne me retient réellement. Je me noie dans cet alcool qui m'entraîne dans la masse de tous ces corps enchevêtrés jouissant de superficialité. La prise de conscience est latente. Je ne pense plus à rien, les yeux fermés, je me laisse balayer par le souffle des basses et la viscosité de tous ces corps en mouvement. Ma tete vacille incessamment d'un état d'euphorie à celui de perditionet mes oreilles bourdonnent sous le poids des basses martelant la nécessité d'une renaissance.

L'anéantissement d'une de ces rares amitiés fait place, dans l'anonymat de la nuit, à un silence chaotique dont le contraste avec le vacarme ambiant, sonne le deuil d'une jeunesse déchue. Tous ces endroits si familiers sont à nouveau repeint du voile de l'inconnu. Je n'appartiens plus à ces endroits qui m'ont vu émerger. Orphelin. Il est 6h, je suis bourré et je sais qu'au plus profond de moi, quelque chose a, à jamais, changé.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La nuit reflète ce monde qui obéit tout entier aux lois de l'attraction... Fait d'hallucinations, d'incohérences, de vies fantasmées.
C'est bon, d'en prendre plein la tête, et comme par magie quand le jour se lève, il est 6 h tout s’efface, le bien, le mal.
Le compteur est remis à zéro.